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Les combats pour Verdun 1916-1918 1/2

J'ai intitulé cette note les combats pour Verdun et non pas la bataille de Verdun, car selon moi, si les Allemands étaient entrés dans Verdun, les jeux étaient faits.

Cette considération historiographique passée, je vous présente à grands traits les différentes phases des combats pour Verdun entre 1916 et 1918.

PRESENTATION DES COMBATS DE VERDUN.

 
   

Les offensives de 1914 et de 1915 sur les fronts de l’ouest et de l’est ont été autant d’hécatombes : les français comptent déjà 600.000 morts depuis le début des opérations. Les dernières offensives de l’Artois et de la Champagne, en 1915 ont coûté  à elles seules 250.000 hommes.

La nouveauté à Verdun, est que les hommes sont morts sur un champ de bataille à l’ancienne, grand, à l’échelle du front, comme un mouchoir de poche. La bataille de la Marne, en septembre 1914, était plus ramassée dans le temps, mais courait de l’Ourcq aux marais de St Gond, sur 200 km. A Verdun, on n’en compte pas plus de 25 de Malencourt à l’ouest jusqu’au fort de Tavannes vers l’est. La bataille est étroitement circonscrite au cours sinueux de la Meuse et des collines boisées qui l’entourent. Les avancées allemandes vers Verdun sont de 4 km au maximum vers l’ouest, du village de Forges jusqu’à la butte du Mort-Homme, de 7 à 8 km au centre, du bois d’Haumont à la côte du Poivre, de 5 km à peine vers l’est, du bois d’Hardaumont au fort de Souville. Si l’on songe que la portée utile d’un canon de 75 français ou du 88 allemand est de 7 km, on s’aperçoit que toutes les armes portent sur un espace aussi resserré et que tout est réuni sur cette terre maudite pour une bataille d’anéantissement qui accumulera sur un espace restreint tant de cadavres.

Par l’exiguïté relative du champ de bataille et par la durée interminable des combats, du 21 février au 15 décembre 1916, la bataille de Verdun n’a pas d’équivalent dans la Première Guerre Mondiale.

La concentration, sur un seul point, de moyens de guerre très puissants doit provoquer un tel saisissement chez l’adversaire, qu’il admette l’inutilité de la lutte. Après les bombardements, les soldats allemands doivent avancer logiquement l’arme à la bretelle, dans un paysage totalement anéanti, où pas un souffle de vie ne subsiste.

Le choix de Verdun est la résultante programmée d’un défi industriel : les armes les plus modernes de l’industrie allemande doivent mettre fin à la guerre des taupes, qui se poursuit sur la ligne des tranchées, de la Mer du Nord aux Vosges. De la sorte, la bataille engagée à Verdun n’a d’autre finalité que la mort.

-I- Verdun avant la bataille

-1- Après la guerre de 1870, la ville de Verdun, devenue presque « frontalière » est transformée en un ensemble fortifié exemplaire capable de faire face à l’envahisseur allemand. Les travaux de fortification ne débutent qu'après le retrait des troupes d'occupation allemandes en 1873. Car face à la forteresse de Metz considérée maintenant comme la plus puissante du l'Empire allemand, Verdun est désormais une place stratégique de toute première importance. Son rôle est triple.

 

·         Appui nord du rideau défensif des "Hauts de Meuse".

·         Fort d'arrêt sur la voie ferrée Paris-Allemagne.

·         Tête de pont sur la Meuse pouvant appuyer une éventuelle offensive française dans la Woëvre.

 

Pour que Verdun puisse remplir ses missions, le Général Séré de Rivières demande la modernisation des défenses par l'adjonction d'une ceinture de forts. La plupart des ouvrages proposés par le général seront construits.

Disposition générale des forts.

L’implantation des forts détachés présentait beaucoup de difficultés du fait du site.

Sur la rive droite : il fallait combiner d’une part la domination de la vallée de la Meuse et celle de la plaine de la Woëvre. Séré de Rivières prévoit en 1873, 3 ouvrages nord – sud au dessus de la cote 350 ( Verdun : 195 m), dominant à la fois ces deux objectifs : Douaumont, Bois-Brûlé 5tavannes) surveillant la route d’Etain à la voie ferrée, 1 ouvrage à Maubois ( ouvrage Déramé). Des batteries de soutien pour une ligne de contre approche étaient suggérées sur les contreforts en saillies au dessus de la Woëvre à Bézonvaux, Eix ( route d’Etain) et Haudiomont (Route de Metz). Cet ensemble de rive droite serait rattaché à la vallée au sud par une batterie à Haudainville et un fort à St Symphorien.

 

Le projet implique l’implantation des forts à des altitudes supérieures à 150 m et éloignés de la citadelle de plus de 7 km, donc permettant au noyau central de la place d’être à l ‘abri du bombardement ennemi.

 

Sur la rive gauche : altitudes plus basses que rive droite, entre 250 et 300 m, sauf à 9 km de Verdun où commence une nouvelle côte nord – sud qui culmine à 349 m au dessus du village de Sivry le Perche, qui est le point central de la défense.

 

En 1875, face à de nouvelles menaces de guerre avec l'Allemagne, la première ceinture de Verdun est hâtivement aménagée avec les forts de Belleville, Saint-Michel, Belrupt, Regret, La Chaume et Dugny (les "forts de la panique"). Les travaux de fortification se poursuivent courant 1875, avec la construction des forts de Tavannes et de Souville. En 1877, la deuxième couronne fortifiée est ébauchée avec les forts du Rozelier et d'Haudainville. De 1881 à 1883, quatre nouveaux forts viennent renforcer le dispositif : Vaux, Bois-Bourrus, Moulainville et Landrecourt. Cependant, la dernière tranche de travaux est amputée : la construction du fort de Sivry-la-Perche est ajournée. Seul le fort de Douaumont est mis en chantier en 1885.

 

-2- Mais à partir de la moitié des années 1880, les innovations technologiques dans le domaine des explosifs (invention de la mélinite en 1884) rendent obsolètes la plupart des fortifications qui nécessitent une modernisation, une dizaine d’années après leur construction. Dès 1887, les forts de Verdun sont modernisés par l’ajout de carapaces en béton simple, puis de béton armé en 1897.

Quelques exemples.

La Citadelle de Verdun a été construite en 1625. Cette forteresse est bâtie sur un monticule rocheux entourée d'escarpements et de fossés. En 1887, la forteresse est modernisée : 4 km de galeries souterraines sont construites. Elles permettent d'abriter des dépôts de vivres et de munitions ainsi que les infrastructures propres au logement de 2000 hommes. Relativement épargnée avant la bataille, la forteresse reçoit plus de 50 000 obus allemands de gros calibre pendant les combats de 1916. A partir de juin 1916, un batterie est installée dans la forteresse.
La citadelle était destiné à arrêter les allemands si ceux-ci débouchaient sur la rive droite de la Meuse. Pendant la bataille, la citadelle servit surtout d'abri pour les troupes qui montaient au front et celles qui en revenaient. Elle pouvait abriter jusqu'à 6000 hommes.

Le Fort de Douaumont : construit en 1885, mais l'apparition de l'obus torpille la même année le frappe d'obsolescence : les nouveaux projectiles peuvent percer aisément les voûtes en maçonnerie recouvertes d'une couche de terre. Le fort est modernisé dès 1888. La caserne est recouverte d'une couche de béton de 2,5 m d'épaisseur. Les casemates orientales du fort sont protégées par une dalle de béton de 1,5 m d'épaisseur qui va se révéler insuffisante contre les obus géants de 380 et 420 mm.

Le Fort de Vaux :  situé entre le fort de Douaumont et le fort de Tavannes, ce fort a été construit entre 1881 et 1884 en maçonnerie ordinaire. En 1888, les voûtes de la caserne sont renforcées par une carapace de béton de 2,50 m d'épaisseur. Surmonté d'une tourelle de 75 mm et de deux observatoires, le fort est entouré d'un fossé battu par trois coffres de contrescarpe. Le fort est également doté de 2 casemates de Bourges lui permettant de flanquer Douaumont au nord-ouest et la Laufée au sud-est.

En 1914, le fort est armé de 6 canons de 75 mm, de 4 canons revolvers et de 4 sections de mitrailleuses. La garnison composée d'artilleurs et de fantassins est de 280 hommes. Dès 1915 le fort est bombardé par des obus allemands de 420 mm, aucun des cuirassements n'est touché. Le fort est donc intact au début de la bataille de Verdun.

-3- A la déclaration de guerre, la place de Verdun est ceinturée par trois lignes de fortifications. La ligne extérieure située à une distance variant entre 5 et 8 km du centre-ville est défendue par 22 forts. 6 autres forts assurent une défense rapprochée de la ville (ligne intérieure). La Citadelle de Verdun modernisée fait office de réduit de la troisième ligne de défense constituée par l'enceinte urbaine. Comparés aux très modernes forts allemands des places de Metz et de Thionville (ces forts serviront d'ailleurs de modèles aux concepteurs de la Ligne Maginot), les forts de Verdun sont mal équipés pour soutenir un siège : peu ou pas d'infrastructures permettant la vie d'un équipage permanent, pas d'entrée éloignée des zones de combat permettant d'acheminer des renforts au sein des ouvrages. 

Dès septembre 1914, Verdun tient un rôle de tout premier plan car l’armée du Général SARRAIL (3 ème armée) s’y maintient pendant la retraite de la Marne, bloquant ainsi les armées du Konprinz, pourtant supérieures en nombre, facilitant la manœuvre de Joffre.

De septembre à octobre 1914, les Allemands attaquent à l’Est de Verdun et forment ainsi le saillant de St Mihiel, avancée allemande dans le front français, au sud de Verdun. Le 29 septembre, les Allemands atteignent Saint Mihiel et traversent même la Meuse en prenant Chauvoncourt.

Fin 1914, le front de secteur de Verdun passe par Chauvoncourt, Lamorville, Hennemont, le Bois des Caures et Malancourt.

En février 1915 s’engage des deux côtés la bataille pour les points hauts du front : butte de Vauquois, les Eparges, alors que la ville de Verdun est bombardée, ainsi que les forts de Vaux et de Douaumont. Les 25 et 26 novembre 1915, les Allemands attaquent au nord-ouest de la ville sur une ligne Béthincourt – Forges et sont repoussés, malgré les premières attaques à l’aide des obus chimiques.

En 1915, le secteur du front de Verdun en lui même est relativement calme calme. Les attaques meurtrières se déroulent à Vauquois, en Woëvre, et surtout aux Eparges. Verdun, où 3000 civils sont autorisés à rester est une zone des étapes où s’affairent services, permissionnaires et commerçants.

Mais les exemples de Namur et Liège qui n’avaient pas résisté, avaient fait tomber la fortification permanente dans le plus grand discrédit. Le 05 août 1915, un décret déclasse les places fortes. Verdun, réorganisé sous le nom de Région Fortifiée de Verdun (RFV), est intégrée dans le dispositif général du front.

Les garnisons des ouvrages sont dissoutes et on récupère (les canons lourds de Douaumont, de Vaux, de Souville, de Boulainville et de Belleville sont évacués) dans la place les matériels et approvisionnements nécessaires aux offensives de Champagne et d’Artois. Les prélèvements sont tels que le Général Herr, responsable de la RFV s’en alarme.

Le renforcement du secteur était si peu prioritaire que le Général De Castelnau, en mission en janvier 1916, avait signalé que « la deuxième ligne était en ruine et la troisième inexistante ». Personne ne croyait à une attaque dans un secteur aussi mouvementé, si facile à défendre. Pourtant, le Général Chrétien en septembre 1915 avait déclaré que « c’était un terrain à catastrophe ».

Le Maréchal Pétain, à posteriori, tente de justifier le démantèlement de la région fortifiée de Verdun (La Bataille de Verdun, Payot 1923) : « depuis 1914, le camp retranché n’avait été l’objet d’aucune entreprise de la part de l’adversaire. Les forts se dressaient silencieux et comme abandonnés. Entre les forts et au delà, ce n’était que délabrement : ces tranchées innombrables et en grande partie écroulées, des  fils de fer déchiquetés, couvrant de leurs inextricables réseaux les bois dépenaillés des Côtes de Meuse et des plaines boueuses de la Woëvre, des chemins et des routes transformés en fondrières, des matériels épars dont les bois pourrissaient et dont les métaux se rouillaient sous les pluies ».

 

-II- Pourquoi Verdun ? Pour quelle stratégie ?

A la Noël 1915, Von Falkenhayn présente à Guillaume II la meilleure stratégie selon lui pour que l’Allemagne remporte la victoire. Dans ses Mémoires, il définit les grandes lignes d’une nouvelle stratégie : la victoire à l’usure. D’après ses arguments, la France est à bout et la Russie ne vaut pas mieux. Avant que l’Allemagne ne soit submergée par le blocus naval mis en place par la Grande-Bretagne et par les ressources humaines et matérielles des Alliées, elle doit déclencher une grande offensive. Derrière le secteur français, il existe des objectifs pour la défense desquels l’état-major français sera obligé d’employer jusqu’à son dernier homme. Dans ce cas, les forces françaises seront saignées à blanc.

Ayant hésité longuement entre le choix de Verdun ou de Belfort, le Haut Etat Major allemand tranche pour Verdun pour des raisons qui tiennent autant à la symbolique (ville prise en 1794 et 1870, pourquoi pas en 1916) qu’à la stratégie. Une des raisons du choix de site par Von Falkenhayn était la faiblesse, pour ne pas dire l’inexistence du réseau français de communication : une seule route, la nationale 35, en piteux état et un seul chemin de fer à voie étroite.

Von Falkenhayn donne à son plan de bataille le nom de code « Gericht », qui peut se traduire, entre autres significations, par « lieu de jugement ». L’armée allemande réunit 6 nouvelles divisions d’infanterie et 1300 pièces d’artillerie, soit la concentration la plus importante de cette guerre à cette époque.

Le plan de Von Falkenhayn prévoyait un bombardement massif, mais ne se limite pas à cela. Il préconise une offensive sur un front étroit, ce qui rendrait la vie intolérable, dans la zone subissant les bombardements. La zone conquise, l’artillerie avance et le processus du « Trommelfeuer » (tapis roulant de feu)  recommence.

 

-III- Les différentes phases de la bataille.

Le déclenchement de la bataille.

C’est le 21 février 1916, à 07h15mn, que le premier obus traverse le Bois des Caures au nord de la future zone des combats. D’autres suivent, de plus en plus nombreux, sur la ligne de Brabant sur Meuse à Ornes.

Témoignage de Jules Romain : « sur le Front, et sur une épaisseur de plusieurs kilomètres, il régnait la même danse de poussière, de débris, de fumée , fouettée par un orchestre tonitruant. Là-dessous, des milliers d’hommes, par petits paquets de deux, de trois, de dix, quelquefois de vingt, courbaient le dos, l’un contre l’autre, au fond de trous dont la plupart n’étaient que des égratignures du sol, dont bien peu méritaient le nom d’abris. Ils écoutaient la terre se fendre sous le choc des obus, s’éventrer tout autour d’eux »

 

Front au 21021916.JPG

 

La première ligne française a été pulvérisée par le bombardement et les troupes allemandes la dépassent sans même le réaliser. La progression est difficile car le déluge d'artillerie a "gommé" tous les points de repère. Les Allemands se contentent de gagner les objectifs qui leur ont été fixés sans même tenter de pénétrer plus avant dans le dispositif français complètement désorganisé. Les soldats français rescapés peuvent profiter de ce répit inespéré pour se retrancher dans les cratères d'obus et opposer une vive résistance à l'infanterie allemande lorsque celle-ci reprend sa progression. Ainsi dans le bois des Caures, les 56e et 59e bataillons de chasseurs à pied du lieutenant-colonel Driant résistent seuls face à une division allemande. Ces deux bataillons perdent en 24 heures plus de 80% de leurs effectifs. Les combats isolés des débris des trois divisions françaises se prolongent jusqu'au 25 février, bloquant toute nouvelle progression et permettent au haut commandement français d'acheminer à la hâte des renforts dans le secteur de Verdun.

 

Positions Françaises au 21021916.JPG

 

 

Positions françaises Bois des Caures.JPG

 

Du 24 au 25 février de nouvelles divisions françaises, la 37e division africaine, les 16e, 39e et 153e divisions d'infanterie (DI) sont lancées dans la fournaise avec pour consigne de s'opposer à tout prix à la progression adverse. L'artillerie allemande fait un carnage et le 25 les troupes françaises sont contraintes d'évacuer la plaine de la Woëvre. Ce même jour, le fort de Douaumont est pris par surprise par l'infanterie allemande. Les 51e et 72e DI ont perdu en quatre jours de combat plus de 60% de leurs effectifs.
Le 26 à l'issue d'un nouveau bombardement d'artillerie, l'armée allemande repart à l'assaut. Les troupes du Kronprinz sont à moins de 5 km de Verdun et le fort de Vaux se trouve maintenant en première ligne. Cependant, les assaillants ne peuvent progresser plus avant. Les réserves de munitions sont épuisées et les combattants sont exténués après six jours de combats ininterrompus. L'offensive s'interrompt alors pendant quelques jours. Ce répit est mis à profit par le commandement français pour acheminer de nouveaux renforts et organiser la défense du saillant de Verdun.

Le 25 février, jour de la chute du fort de Douaumont, le général Pétain est nommé à la tête de la IIe armée affectée désormais au front de Verdun. Le front est maintenant stabilisé, il s'agit de réorganiser les voies d'approvisionnement du saillant afin d'empêcher son asphyxie. La voie ferrée étant impraticable, la seule artère utilisable est la route départementale de Bar-le-Duc à Verdun. Pétain fait remettre en état cette route et organise le trafic qui doit transiter sur ce qui s’appellera désormais la "Voie Sacrée" : 2000 tonnes de munitions, 2000 tonnes de vivres et 20 000 hommes par jour. Presque tout l'approvisionnement du front transite désormais jour et nuit par cette artère interdite aux convois hippomobiles. S'instaure un système de relève qui permet aux troupes de ne pas séjourner trop longtemps en première ligne : 2 jours en première ligne, 2 jours en deuxième ligne et 2 jours à l'arrière. Cette rotation sera bientôt allongée à 3 jours pour pallier les lourdes pertes subies au front. Les divisions françaises sont littéralement étrillées pendant leur séjour en première ligne. Elles perdent en moyenne 25 % de leurs effectifs le premier jour de leur présence sur le front. Face à eux, les divisions allemandes ne sont pas relevées, mais leurs pertes sont constamment comblées par un apport constant de troupes fraîches. Les combattants allemands connaissent donc parfaitement le terrain et peuvent instruire les soldats nouvellement incorporées pour combler les pertes. Cependant cette absence de rotation des effectifs combattants a un impact négatif sur le moral des soldats qui une fois sur le front, pensent ne plus pourvoir quitter la fournaise vivants. Ainsi, face aux neuf divisions françaises présentes en première ligne à partir du mois de mars avec des effectifs plus ou moins complets, les neufs divisions allemandes combattent toujours avec un effectif complet. Outre le nombre de combattants, la disproportion est encore plus flagrante dans l'équipement. Les troupes allemandes sont bien pourvues en obusiers, mortiers de tranchées, canons de campagne et artillerie lourde. De profonds abris creusés aussitôt le terrain occupé permettent aux troupes de seconde ligne de se reposer à l'abri des obus français. L'eau courante est apportée jusqu'en deuxième ligne par des canalisations profondément enterrées. Le combattant allemand n'est pas tenaillé par la soif comme l'est constamment le combattant français.

 

Attaques allemandes rive droite du 21 au 25 février.JPG

 

La bataille des ailes.

L'offensive allemande reprend le 4 mars sur la rive droite de la Meuse. Mais Pétain redoute une attaque sur la rive gauche. Suivant ses directives, le général de Bazelaire chef du 7e corps d'armée a fait renforcer le secteur entre Cumières et Avocourt. Les lignes de défense, tenues par quatre divisions passe par la côte 304 et le Mort-Homme. Le 5 mars, un violent bombardement de l'artillerie allemande s'abat sur la rive gauche. Deux divisions allemandes les 11. et 12. Reserve Divisionen se lancent à l'assaut le 6 au matin. Les Allemands s'emparent du bois des Corbeaux mais face à une vive résistance de l'adversaire, ils ne peuvent progresser plus avant. Le 8 mars une contre-attaque française rejette les Allemands au-delà du bois des Corbeaux. Les Allemands réitèrent leurs attaques les 9 et 10 mars. Le 10 au soir les Allemands occupent les pentes nord du Mort-Homme, mais les Français en tiennent solidement le sommet. Les assaillants renouvellent leurs attaques du 13 au 15 mars, mais le sommet du Mort-Homme reste français. L'activité allemande va alors se déplacer à quelques kilomètres à l'ouest.

Le 20 mars, la 11. Bayerische Infanterie Division disloque une brigade de la 29e DI. La division voisine, la 11e DI résiste pied à pied. Mais les attaquants réussissent néanmoins à conquérir le village de Béthincourt entre la côte 304 et le Mort-Homme. Les attaques allemandes continuent jusqu'au 9 avril mais elles ne peuvent déboucher. En un mois d'attaques incessantes, les Allemands n'ont progressé sur la rive gauche que de deux kilomètres sur un front large de six. Les pertes sont très importantes chez l'assaillant. A partir du 10 avril, Von Falkenhayn change de tactique, aux attaques d'envergure succèdent des attaques localisées et un matraquage constant des positions françaises par son artillerie toujours maîtresse du champ de bataille.

La contre-offensive française

Le 1er mai, le général Joffre nomme le général Pétain à la tête du groupe d'armées du centre (IIe, III e , IV e et V e armées). Cette promotion marque un changement de tactique au sein du grand quartier général (GQG) français, en effet Pétain le défenseur est remplacé par un attaquant le général Nivelle anciennement à la tête du 3e corps d'armée. A la nomination de Nivelle, la IIe armée compte 7 corps d'armée (les 2e, 3e, 7e, 9e, 12e, 14e et 32e CA) soit 25 divisions.

 

Carte Position Douaumont Vaux le 020516.JPG

 

Le front de Verdun étant stabilisé, le général Nivelle envisage une attaque pour reconquérir le fort de Douaumont. La date de l'offensive française sur la Somme approchant, les divisions sont engagées prioritairement sur ce front si bien que Joffre n'autorise l'emploi que d'une seule une division dans l'attaque de l'ouvrage livré à l'ennemi sans combat le 25 février. La 5e division du général Mangin est choisie pour cette attaque. La préparation d'artillerie commence le 17 mai et les troupes d'assaut gagnent leurs positions de départ à partir du 20 mai. L'artillerie française est nettement surclassée par son homologue adverse si bien que les pertes sont élevées au sein de la division Mangin pendant les deux jours précédant l'attaque. Les travaux préalables à l'assaut sont insuffisants car il faut recreuser chaque nuit les abris et les tranchées d'approche qui sont détruites méthodiquement pendant la journée par les obus allemands. L'attaque débute le 22 mai à 11 h 50 derrière un feu roulant de 75 qui disloque les premières lignes allemandes au centre et à gauche de l'axe d'attaque. Les assaillants progressent, sans se soucier du feu meurtrier des mitrailleuses et de l'artillerie adverse, à travers la zone de 600 m séparant les premières lignes françaises du fort, parviennent aux fossés de gorge du fort d'où elles s'infiltrent sur les superstructures.

Sur la droite la résistance allemande empêche toute progression.

Les superstructures ouest du fort sont conquises. Les allemands se retranchés dans les parties souterraines de l'ouvrage demandent un appui à leur artillerie. Les positions sur les hauts du forts deviennent vite intenables pour les Français qui malgré l'arrivée de renforts ne peuvent investir le reste du fort. A partir du 23 les éléments français perdent le contact avec leurs lignes, l'encerclement se précise. Les soldats survivants combattent avec l'énergie du désespoir et cessent le combat le 24 mai au petit matin. La reprise du fort de Douaumont s'est soldée par un échec cuisant avec de lourdes pertes côté français.

 

Carte Position Fort de Vaux le 230516.JPG

 

La prise de Vaux

Du côté allemand, les pertes ont augmenté de façon conséquente et les gains territoriaux sont infimes depuis le 25 février. Le général Von Falkenhayn, décide de reprendre l'offensive afin de justifier par des gains territoriaux conséquents, les pertes allemandes qui augmentent dramatiquement depuis l'offensive de février. Le fort de Vaux sera le premier objectif. Il est défendu par une garnison de 200 hommes sous les ordres du commandant Raynal auxquels il faut ajouter 400 hommes rescapés des unités initialement positionnées aux alentours qui ont trouvé refuge dans les oeuvres vives de l'ouvrage afin d'échapper aux obus allemands. Il tombe après une résistance acharnée le 07 juin 1916.

L'ultime offensive allemande

La dernière offensive allemande a lieu le 11 juillet, les troupes du Kronprinz s'emparent du village de Fleury et atteignent même le fort de Souville dont elles sont aussitôt chassées par une contre-attaque française. Les pertes des assaillants sont énormes (plus de deux tiers des effectifs) et aucun des objectifs fixés n'est atteint. Après cette date, les Allemands se tiendront désormais sur la défensive d'autant plus que plusieurs divisions sont transférées de Verdun vers la Somme pour y contrer l'offensive franco-anglaise. L'initiative est désormais du côté français...

La reconquête des forts

Le 29 août, Hindenburg remplace Von Falkenhayn disgracié à la tête du haut commandement allemand sur le front ouest. Le 2 septembre, Hindenburg donne l'ordre à l'état major de la V eme Armee de suspendre toute attaque sur Verdun. Des divisions allemandes sont prélevées sur le front de Verdun pour contrer l'offensive alliée qui se développe dans la Somme. L'initiative passe alors du côté français.

Déjà, le 18 août, le régiment d'infanterie coloniale du Maroc avait reconquis les ruines du village de Fleury. La reprise du fort de Douaumont peut alors être envisagée. Rien n'est négligé pour cet assaut décisif. De nombreuses bouches à feu sont convergent vers le secteur dont deux mortiers de 400 mm sur voie ferrée qui le moment venu, assommeront le fort avec leurs obus géants. Les travaux préparatoires sont minutieux, des lignes téléphoniques sont profondément enterrées entre les premières lignes et les postes de commandement. Les voies d'accès sont reconstruites et empierrées. De nouvelles tranchées et des parallèles de départ sont creusées. Le bombardement effectué par les 654 pièces françaises commence le 21 octobre. Le 23, trois divisions (38e, 74e et 133e ) prennent position pour l'attaque, en réserve trois autres divisions (7e, 9e et 63e) et deux en seconde ligne. En face les troupes allemandes fortes de sept divisions sont appuyées par 800 canons. Cependant le dispositif allemand est reparti en profondeur si bien qu'en première ligne les allemands n'ont massé que 22 bataillons.

Les trois divisions montent à l'assaut à 11 h 40 le 24 octobre. A 12 h l'ouvrage de Thiaumont est pris, à 15 h les Français sont sur les superstructures du fort de Douaumont dont la garnison allemande capitule à 20 h. Les assauts en direction du fort de Vaux restent infructueux. Le 28 octobre Nivelle décide une nouvelle attaque en direction de l'ouvrage. Le 1er novembre les 7e, 9e 22e et 33e DI gardées jusque là en réserve gagnent les premières lignes. La préparation d'artillerie débute le premier et le 3 à 1 h du matin, des éléments de la 22e DI occupent le fort de Vaux évacué par la garnison allemande. Les deux symboles de la bataille, les forts de Vaux et de Douaumont sont de nouveau aux mains des français.

L’offensive du 15 décembre 1916

Le Général Mangin organise une nouvelle attaque, pour compléter le dégagement de  Verdun et donner de l’air aux forts de Douaumont et de Vaux, sur la rive droite de la Meuse. L’armée de Verdun fournit un gros travail préparatoire, construit 30 km de route, une route carrossable en madriers pour l’artillerie et plus de 10 km de voie ferrée étroite, creuse des parallèles de départ, des boyaux d’accès...

 

Carte Générale Combats 1916.JPG

 

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